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FONDATION JÉRÔME SEYDOUX-PATHÉ

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Séance spéciale

Festival l'Europe autour de l'Europe "MOSTRA IMAGINAIRES COLONIAUX" (1h30)

La séance est organisée en partenariat avec le festival L’Europe autour de l’Europe.

Présentation d'Ariel de Bigault et José Manuel Costa, Directeur de la Cinemateca Portuguesa.




La Mostra Imaginaires Coloniaux propose de découvrir la production cinématographique portugaise consacrée à “l'Empire colonial”. La Fondation Jérôme Seydoux présente, pour la première fois en France, des documentaires de 1923-31, très représentatifs des premières productions, alors que la République (1910-1926) puis la dictature militaire (1926-1933) poursuivent l'expansion coloniale lancée par la monarchie à la fin du XIXème. Antonio O. Salazar est ministre des Finances - et des Colonies en 1930 - de 1928 à 1932, quand il devient chef du gouvernement avec les pleins pouvoirs. Cet ensemble éclectique et contrasté montre l'évolution des regards de ces Portugais qui découvrent des contrées inconnues. De film en film, on assiste à la construction d'une attitude colonialiste et à l'affirmation d'une idéologie dominatrice, particulièrement évidente dans les intertitres.


Macao regarde avec enthousiasme l'effervescence laborieuse de la ville chinoise tout en s'efforçant de témoigner de la présence portugaise. Angola, Exposition Provinciale souligne le récent développement de Benguela, avec une ambiance provinciale très portugaise, où des Angolais sont cependant présents. En 1929 l'Agence des Colonies envoie des “brigades cinématographiques” en Afrique. Les deux films en Guinée-Bissau et sur les îles de São Tomé sont exceptionnels car ils détaillent le dur labeur des africains dans les plantations de café, de coton, de riz. Action colonisatrice vante les bienfaits de la colonisation en Angola alors que le regard de la caméra est souvent curieux et même attentif aux singularités africaines. Fête à Lourenço Marques, capitale du Mozambique, révèle un public très mélangé de Portugais et Mozambicains, tous bien habillés. Guinée, village indigène à Lisbonne expose un “zoo” de Guinéens, dans un parc de Lisbonne, caractéristique des ambitions civilisatrices et dominatrices européennes de l'époque.


Ces films rares et singuliers, précieusement conservés par la Cinemateca Portuguesa, suscitent la réflexion sur la construction cinématographique d'un imaginaire colonial au service de la domination européenne.


Ces sept documentaires de 1923-31 sont très représentatifs des premières productions, alors que la République (1910-1926) puis la dictature militaire (1926-1933) poursuivent l'expansion coloniale lancée par la monarchie à la fin du XIXème. Antonio O. Salazar est ministre des Finances - et des Colonies en 1930 - de 1928 à 1932, quand il devient chef du gouvernement. Cet ensemble éclectique et contrasté montre l'évolution des regards de ces Portugais qui découvrent des contrées inconnues. De film en film, on assiste à la construction d'une attitude colonialiste et à l'affirmation d'une idéologie dominatrice, particulièrement évidente dans les inter-titres.


Macau - Cidade Progressiva e Monumental (Macao - Progrès et monuments) de Manuel Antunes Amor. 1923. 6' N&B. Muet


Manuel Antunes Amor est professeur, inspecteur de l'éducation nationale à Macao, passionné de cinéma et convaincu de la pédagogie par le cinéma. Il filme avec sa propre caméra pour faire connaître à ses compatriotes de la métropole cette lointaine possession. Il présentera au Portugal ce court métrage ainsi que d'autres, tournés à Macao, et à Goa, où il fut aussi en poste. Celui-ci est le seul de ses films qui a été conservé et est sans doute l'unique archive de cette époque à Macao.

Le réalisateur montre le développement de la ville chinoise tout en soulignant la présence portugaise : les édifices officiels, des personnalités de l'administration coloniale. Le buste du grand poète Luis de Camões rappelle l'épopée des découvertes et la gloire des navigateurs. Le réalisateur observe le peuple chinois, ses activités, ses loisirs. Il semble fasciné et, peut-être malgré lui, nous montre une ville bien chinoise, très dynamique, où les Portugais paraissent être touristes.


Angola - Exposição Provincial, Agrícola, Pecuária e Industrial (Angola – Exposition provinciale, agricole et industrielle),  auteur inconnu. Prod : Agência Geral do Ultramar. 1923 11'49” N&B. Muet


Ce film tourné au sud de l'Angola, est une des rares archives existantes de l'époque. On peut penser que l'auteur réalise ces images sur commande de Norton de Matos qui fut par deux fois gouverneur de l'Angola (1912-15 et 1921-24) et que l'on voit à l'image. Républicain et maçon, il fut un des promoteurs de l'expansion coloniale en Afrique, qui s'amorce au début du XXe, suite aux “campagnes de pacification” – de terribles guerres – en Angola et au Mozambique. Il œuvra au développement de l'Angola et à l'installation de colons portugais.

La première partie est consacrée à l'inauguration de la foire commerciale et agricole dans la ville côtière de Benguela. L'ambiance est très provinciale portugaise. Quelques Angolais traversent les plans ; certains sont bien habillés – costumes, chapeau - d'autres sont des employés. Puis un reportage sur un Congrès de Médecine et enfin une démonstration d'aviation. C'est un film publicitaire sur le développement du sud de l'Angola.


Les Brigades Cinématographiques de 1929

Afin de faire connaître les colonies de l'Empire dans les Expositions internationales qui se multiplient en Europe, l'Agence Générale des Colonies envoie trois “Brigades Cinématographiques” en Afrique. Le Service Cinématographique de l'Armée dépêche son opérateur Augusto Seara sur les îles de São Tomé et Prince puis en Guinée-Bissau. Une autre mission, composée d'Antonio Antunes da Mata, réalisateur, et de l'opérateur César de Sá, rapportera d'Angola une dizaine de courts-métrages. La Brigade du Mozambique est dirigée par Fernandes Tomaz. Ces équipes réalisent plusieurs courts dont certains seront présentés dans l'Exposition Ibéro-américaine de Séville (1929), l'Exposition Internationale, Coloniale, Maritime et d'Art flamand à Anvers (1930) et l'Exposition Coloniale Internationale de Paris (1931). Ces quatre films sont particulièrement intéressants par l'éclectisme de leurs sujets et de leurs traitements. Ils révèlent que les missions n'étaient sans doute pas très définies en termes de contenus et d'objectifs politiques.


São Tomé Agricola e Industrial (São Tomé agricole et industrielle) de Augusto Seara.1929. 11'47”. N&B. Muet

Les films coloniaux qui montrent le travail des Africains sont rares. Ici le système d'exploitation est précisément exposé. Des déportés (d'Angola) débarquent d'un bateau. Après l'inspection humiliante des corps, c'est la signature, au doigt, du contrat. Puis sont montrés les travaux - culture, récolte, ensachage du cacao -, ainsi que “l'éducation” et les loisirs. Les “contratados” étaient contraints au travail forcé dans des conditions violentes et abusives. Ce système, qui a remplacé l'esclavage, est resté en vigueur dans les colonies africaines jusqu'en 1961.


Guiné – Aspectos Industriais e Agricultura (Guinée-Bissau – Aspects industriels et Agriculture) de Augusto Seara, 1929, 12'30” N&B. Muet

Seara documente attentivement les travaux agricoles des Guinéens - un intertitre indique les noms des peuples. La récolte de cacahuètes, de noix de coco, du riz, du coton, suivi du tissage et de la couture, la coupe de la canne à sucre et l'extraction ; le travail artisanal de bijoux et la prière musulmane. Pas de colon blanc à l'image...


Festejos em Lourenço Marques pela passagem dos territórios do Niassa para a posse do Estado  (Fête à Lourenço Marques) Fernandes Tomaz 1929, 6'. N&B. Muet

Ce document est tourné dans la capitale du Mozambique, Lourenço Marques, le jour de la célébration de l'intégration de la province de Niassa dans le territoire de la colonie. Un train arrive en gare, les drapeaux sont hissés, on tire des feux d'artifice. Dans les larges avenues défilent, au son des fanfares, les cortèges populaires. Les dames et les messieurs européens portant chapeaux côtoient des Mozambicains, plus nombreux et plutôt bien habillés.


Acção Colonizadora dos Portugueses (Action colonisatrice des Portugais) de António Antunes da Mata et César de Sá. 1929. 21' N&B. Muet

L'objectif affiché de ce documentaire – notamment dans les inter-titres – est de vanter les bienfaits de la civilisation. Les édifices et les routes, construits par des africains, commandés par des colons. Les installations agricoles, l'hôpital. Puis il s'attarde avec une certaine fascination sur les danses– y compris guerrières - et les femmes aux seins nus. Ce curieux documentaire se conclut sur deux “visions du futur” : une danse portugaise d'écoliers blancs et noirs, et la sortie du lycée d'adolescents portugais.


Guiné, Aldeia Indígena em Lisboa (Guinée-Bissau, Village indigène à Lisbonne) Agência Geral das Colônias, 1931, 12'25”. N&B. Muet



Auteure et réalisatrice, Ariel de Bigault travaille surtout dans le monde lusophone. Après de premiers documentaires au Portugal, la série Eclats Noirs du Samba (1987) met en valeur de grands artistes afro-brésiliens. Afro Lisboa (1996) et Margem Atlântica (2006) montrent les parcours d'Africains à Lisbonne. Canta Angola (2000) célèbre la musique populaire en Angola. Ses recherches et réalisations, notamment discographiques, ont contribué à la diffusion des musiques, surtout celles du Cap Vert et de l'Angola. À la suite du long-métrage Fantômes d'un Empire (2020) qui explore l'imaginaire cinématographique colonial portugais, elle a conçu la Mostra Imaginaires Coloniaux.



Toutes les séances sont accompagnées par les pianistes issus de la classe d'improvisation de Jean-François Zygel (Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris).





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