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FONDATION JÉRÔME SEYDOUX-PATHÉ

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Séance spéciale

CONFÉRENCE : "Voir la femme qui regarde Asta Nielsen dans l’histoire", Karola Gramann et Heide Schlüpmann



Asta Nielsen a fait son entrée dans la théorie du cinéma avec la publication, en 1924, de L’homme visible ou la culture du film de Béla Balázs, l’essai de l‘écrivain, poète, critique et théoricien du cinéma hongrois. L’histoire du cinéma en revanche, qui a débuté dans les années 1930, ne lui a réservé qu’une place marginale. Elle disparaissait ainsi de la transmission de la mémoire cinématographique au moment même où elle était obligée d’arrêter de tourner. Elle fut réduite à une image de star populaire - à une image que le réalisateur façonne selon sa vision du monde, à l'instar de la légende de la relation de Josef von Sternberg à Marlene Dietrich. Dans les années 1980, alors que les premières rétrospectives des films d’Asta Nielsen avaient été organisées et que les archives comme les chercheurs s’intéressaient de plus en plus au cinéma des premiers temps, les études cinématographiques féministes ont impulsé la redécouverte d’Asta Nielsen et contribué au rétablissement de son importance pour l’histoire.


Actuellement, la résistance des groupes et des masses, en particulier des femmes, que les images produites par l’homme blanc colonial avaient marginalisés, a trouvé un large écho dans l’espace public. Sans réel impact cependant sur les images que les médias produisent. Asta Nielsen a été une pionnière: elle a fait sensation déjà dans les premières décennies du cinéma, premier medium de masse moderne, en rompant avec l’image masculine et dominante de la femme. Son premier film, Afgrunden fut à la fois un scandale et un succès mondial. Toutefois, la résistance à la subsumption sous le regard de l’autre est inhérente à tous ses rôles. Elle y est inscrite par le maquillage stéréotypé, le noir qui entoure ses yeux et qui souligne leur sombre profondeur. De l’obscurité du corps émerge un regard devenu visible. Cela ramène à la dimension photographique du film, „l’objective“, alors même qu’il la trouble. Une deuxième chose entre en jeu : Asta Nielsen a compris que c’est le mouvement qui empêche le film de se figer, de n’être que simple reproduction, et elle s’en est emparé. Le film a le pouvoir d‘enregistrer le mouvement extérieur, mais surtout intérieur, le mouvement de l‘âme, de la femme qu’elle est : body and soul. Son apparition à l’écran devient le moyen pour que le public perçoive le potentiel libérateur du film. Une telle perception est à l’origine de la première théorisation du film de Belá Balázs, qui, s’il a compris l’importance d’Asta Nielsen, il l’interpréta à sa manière.


Dans notre exposé nous voudrions aborder deux choses : d’un côté la surface photographique de l’apparence féminine dans les rôles les plus divers, une surface à laquelle Asta Nielsen réfléchissait longuement avant ses tournages. Cet aspect concerne le maquillage, la coiffure, mais avant tout les costumes, matériel façonné et qui façonne le corps, mais auquel le corps à son tour peut prêter forme. De l’autre, sa présence filmique, la présence des mouvements d’opposition et des tentatives de libération du 20ème siècle.


Karola Gramann et Heide Schlüpmann


La conférence est suivie de la projection en ciné-concert de "L'Abîme", Urban Gad, 1910 (1h09)



Inscription à la conférence à l'adresse accueil@fondationpathe.com

Accès avec un billet du jour pour la séance ou pour les galeries des collections. 



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