Skip to content

FONDATION JÉRÔME SEYDOUX-PATHÉ

Cycle

Comédie-Française et cinéma. Aller-retour

Du  15/01/22  au  09/02/22 



-

En parallèle de l’exposition « Comédie-Française & Cinéma, Aller-Retour », notre cycle de films en ciné-concert s’intéresse aux rapports qu’entretenait la célèbre institution avec le 7e art au début du XXe siècle. Bien avant Pierre Niney, Marina Hands ou encore Guillaume Gallienne, qui seront mis à l’honneur dans le cadre d’une programmation de films parlants au cinéma Les Fauvettes, les comédiens du Français passaient déjà de la scène à l’écran au temps du muet. La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé vous propose de découvrir les figures qui ont marqué la production cinématographique de l’époque à travers des films d’une grande diversité, entre scènes historiques (Une intrigue à la cour d’Henri VIII, L’Assassinat du duc de Guise) et drames mondains.


Parmi ces personnalités marquantes, Sarah Bernhardt confirme ses talents de tragédienne dans une adaptation du roman d’Alexandre Dumas, La Dame aux Camélias, réalisée par André Calmettes et Henri Pouctal en 1909, ainsi que dans Hamlet et La Tosca, dont seuls des fragments subsistent. Ce dernier, interdit par l’illustre comédienne, fait l’objet d’une nouvelle version de Charles le Bargy en 1909, avec Cécile Sorel – elle aussi membre de la Comédie-Française – dans le rôle-titre, également projeté durant ce cycle.


Moins connue, Madeleine Roch bouleverse pourtant également dans La Femme fatale (1912), où elle interprète un personnage cupide, croqueuse d’hommes qui connaîtra l’ascension comme la chute. À l’opposé, Hughette Duflos brille souvent dans le rôle de la femme douce et pure à qui l’on préfère une rivale mystérieuse et séduisante dans Madeleine ou La Femme inconnue. Berthe Bovy, elle, passe admirablement d’un extrême à l’autre, en incarnant la perfide Comtesse de la Motte dans L’Affaire du collier de la Reine et une fiancée délaissée, meurtrie par le désespoir, dans L’Attrait de Paris. Jeanne Delvair se révèle elle aussi Blessée au cœur dans un film de 1917, et semble avoir une prédilection pour les sujets religieux dans Polyeucte ou Deux petits Jésus.


Dans la sélection figurent également des têtes d’affiches masculines, tel que Léon Bernard, protagoniste au grand cœur dans Le Nabab, récemment restauré par Fondation Jérôme Seydoux-Pathé. Sa douceur presque enfantine, exaltée par son physique tout en rondeurs, explique sa présence récurrente aux côtés des plus petits dans Les Petits Soldats de plomb ou Le Grand crime du petit Tonio. D’une tournure élancée, René Alexandre joue les héros romantiques aux côtés de la belle Gabrielle Robinne, avec qui il forme un couple iconique à la ville comme à l’écran. Le duo est capturé à plusieurs reprises par Ferdinand Zecca et René Leprince dans La lutte pour la vie, La Danse héroïque et, également restauré par la Fondation, La Jolie Bretonne. Né à Constantinople, Hugues de Bagratide interprète un caractère plus cruel sous les traits du sultan Abdul-Hamid dans Jalma la double.


En dehors des acteurs, le cycle se concentre également sur les adaptations littéraires, les films puisant également leur matière narrative dans les grands textes. À l’occasion de la commémoration de la naissance de Molière, une séance permet ainsi de découvrir des adaptations de ses plus grandes pièces, comme L’Avare et Les Précieuses ridicules, ainsi que le documentaire de Jacques de Féraudy, Molière, sa vie, son œuvre, restauré par Gaumont. En partenariat avec Les Nuits de la lecture organisées par le Centre National du livre, qui ont pour thématique cette année « Aimons toujours ! Aimons encore ! », la Fondation met en lumière Le Barbier de Séville, d’après la célèbre pièce de Beaumarchais, et Dalila, adapté du roman d’Octave Feuillet. Enfin, le jeune public appréciera particulièrement les films de Ladislas Starewitch, tirés des Fables de La Fontaine, accompagnées au piano et récitées en direct.


Si la frontalité des prises de vue et le jeu souvent très expressif des acteurs rappelle l’univers théâtral, les films s’affranchissent cependant de ses codes en usant d’une grammaire proprement cinématographique. L’utilisation du gros plan permet par exemple au spectateur d’accéder à certains détails (le contenu d’une lettre, l’expression d’un visage), invisibles depuis les fauteuils d’une salle de théâtre, tandis que les surimpressions viennent à plusieurs reprises figurer les tourments intérieurs des personnages. Ce dialogue entre les deux arts est au cœur de l’ouvrage De la scène à la pellicule – Théâtre, musique et cinéma autour de 1900, paru en 2021 aux éditions L’Œil d’or sous la direction de Rémy Campos, Aurélien Podevin et Alain Carou. Ces derniers présenteront une séance spéciale, suivie d’une signature du livre dans notre café-librairie Le Studio.